Henri Ouellette-Vézina
15 juin 2024
Le train de banlieue commence-t-il à reprendre du poil de la bête ? C’est ce qu’espère le transporteur exo, au moment où ses cinq lignes présentent une hausse de 23 % de leur achalandage au premier trimestre de 2024. Fortement marqué par la pandémie, ce mode de transport reste encore peu utilisé.
Dans un bilan préliminaire diffusé vendredi, l’organisme confirme que « les différentes lignes de train de banlieue ont accueilli près de 1,8 million de passagers au cours du premier trimestre 2024, soit une hausse de 23 % par rapport à la même période en 2023 ».
Il s’agit d’une rare bonne nouvelle pour le train de banlieue, qui a subi une série de coups durs au cours des dernières années. D’abord, la pandémie a enlevé tout près de 90 % du trafic, puis l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) a chamboulé l’offre, mettant fin au service de la ligne 6 Deux-Montagnes.
Depuis le début des travaux du REM dans le tunnel du mont Royal, en mai 2020, plusieurs lignes de train font des détours importants. Sur la ligne Mascouche, par exemple, il faut environ 30 minutes supplémentaires, pour un total de près de deux heures, pour se rendre de Mascouche à la gare Centrale. Son achalandage n’est d’ailleurs plus que de 19 % depuis que le tracé a été raccourci.
Le train de banlieue est le mode de transport qui affiche la plus faible reprise depuis la pandémie. L’achalandage en 2023 a représenté environ 47 % du niveau de 2019 – en tenant compte de la fermeture de la ligne 6.
L’année 2024 s’annonce meilleure. De janvier à mai 2024, les trains de banlieue ont déjà enregistré 2,79 millions de déplacements, une tendance encourageante.
Pas des conditions idéales
Joint au téléphone, le directeur général d’exo, Sylvain Yelle, dit d’emblée vouloir faire en sorte que cette amélioration ne soit pas éphémère. « Il faut garder en tête que ces chiffres-là arrivent alors qu’il y a des travaux à la gare Lucien-L’Allier qui n’aident pas non plus, donc malgré les conditions qui ne sont pas 100 % idéales, on voit qu’il y a une croissance. C’est encourageant », note-t-il.
« Sur certaines lignes, comme Saint-Jérôme et Vaudreuil-Dorion, ça va vraiment bien, on est à 65-70 % d’achalandage. Candiac va bien aussi et Saint-Hilaire, c’est stable, mais sur d’autres, comme Mascouche, c’est encore difficile. On voit une reprise, mais c’est sûr qu’il y a encore des efforts à faire pour promouvoir la qualité de ces services-là, que les gens ont un peu délaissés pendant la pandémie », avoue M. Yelle.
On pense que ça va être une reprise très progressive. Le train de banlieue, pour nous, ça reste un mode lourd qu’il faut voir à très long terme.
Sylvain Yelle, DG d’exo
Malgré tout, la ponctualité des trains demeure au rendez-vous « près de 96 % du temps, ce qui a contribué à maintenir la satisfaction de la clientèle », estime exo, qui ambitionne de faire monter encore ce chiffre.
Et les bus ?
Pendant ce temps, le réseau d’autobus d’exo, lui, se porte beaucoup mieux, son seuil d’achalandage étant de retour à 88 % par rapport à la période pré-COVID, un bond de 11 % dans la dernière année. Le transport adapté est de son côté en forte amélioration, à 105 % – une hausse de 13 % par rapport à la même période en 2023 –, tandis que la moyenne totale et pondérée des services d’exo est de 71 %.
Côté bus, c’est « le meilleur trimestre depuis trois ans » pour le taux de livraison de service, à 99,52 %. Cela représente une baisse de 62 % du nombre de voyages annulés pour le même trimestre en 2023, année où les impacts de la pénurie de chauffeurs et de mécaniciens, qui se résorbe de plus en plus, étaient marqués.
La ponctualité des autobus pourrait être améliorée. Ils sont présentement à l’heure 82 % du temps.
Le service est « grandement dépendant de la congestion routière et des conséquences des nombreux chantiers routiers, notamment celui du pont de l’Île-aux-Tourtes », rappelle le transporteur, qui se dit encore davantage touché durant la saison estivale.
Près d’un an après sa refonte de bus imposée par l’entrée en service du REM, qui avait provoqué de nombreuses plaintes chez les usagers, la situation semble se stabiliser. Déjà, en février dernier, le transporteur affirmait observer une baisse des plaintes de l’ordre de 80 % et une hausse de l’achalandage oscillant entre 6 et 9 %, selon le secteur.