Henri Ouellette-Vézina
17 juin 2024
La crise du financement du transport collectif fait de nouvelles victimes. Une vingtaine de postes vient d’être coupée à la Société de transport de Laval (STL), qui se dit préoccupée par le « contexte financier instable et préoccupant » entourant son budget.
Cette nouvelle a été annoncée aux employés concernés le 13 juin. « On parle de 17 postes, dont 8 qui étaient actuellement occupés par des employés de fonction administrative en majeure partie, et dont les coupures auront un impact potentiellement moindre sur la réalisation de notre mission », précise la porte-parole du transporteur, Anne-Sophie Harois.
Elle précise que cette décision devait être prise pour combler le manque à gagner toujours imposant de 2,4 millions et ainsi équilibrer le budget de l’année en cours.
À ce montant, s’ajoutait par ailleurs « une somme de 1,1 million qui provient de la demande du gouvernement adressée à l’ARTM de contribuer à l’effort d’optimisation des dépenses », insiste Mme Harois. Dans le Grand Montréal, cet effort de réduction des dépenses totalise 13,8 millions pour 2024.
Il s’agit d’un choix d’entreprise difficile que nous faisons bien évidemment à contrecœur dans le contexte financier instable et préoccupant que connaissent les sociétés de transport collectif.
Anne-Sophie Harois, porte-parole de la STL
En décembre dernier, l’opérateur lavallois avait déjà aboli une quarantaine de postes, essentiellement administratifs, afin de lui permettre de ne pas toucher au service aux usagers. Cela représente donc tout près de 60 postes coupés en quelques mois pour la STL, qui compte approximativement 1100 employés.
Le tout s’ajoute à des optimisations plus globales de la société, notamment en matière de communication, d’honoraires professionnels, de technologies d’information ou de matériel de bureau. Certains projets de développement ont aussi été « repriorisés », indique-t-on prudemment, en plus de certains « ajustements de service pour l’été et l’automne » en fonction de la demande.
Un équilibre précaire
Malgré tout, l’équilibre reste pour le moins précaire. Encore aujourd’hui, « la marge de manœuvre pour optimiser à hauteur du déficit anticipé en 2025 est mince, voire inexistante », dit Mme Harois. Celle-ci insiste sur le fait que « sans un cadre financier pérenne, suffisant et indexé à plus long terme et de nouvelles sources pour financer notre transport collectif, les prochaines années » pourraient être difficiles.
« Ce ne sont pas des décisions faciles, mais on est rendu là pour boucler le budget 2025. À Laval, on croit à l’importance du transport en commun et à son impact positif sur la vie des citoyens, mais le contexte économique difficile impose des choix difficiles », a réagi le cabinet du maire, Stéphane Boyer.
Aucune entente de financement n’est encore intervenue entre les transporteurs de la métropole et la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. Celle-ci avait dit il y a quelques semaines vouloir régler le dossier « avant l’été », qui commence théoriquement dans quatre jours.
Pour le moment, l’offre gouvernementale sur la table reste à 200 millions, soit environ 70 % du déficit « conjoncturel » attribuable aux recettes tarifaires ayant fondu pendant la pandémie de COVID-19. Face à un manque à gagner de 561 millions, les sociétés de transport, elles, réclament un minimum de 421 millions.
Fin mai, malgré l’opposition d’une partie de son conseil d’administration, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a voté une hausse de 150 % de la taxe sur l’immatriculation des véhicules (TIV). Celle-ci passera donc officiellement de 59 $ à 150 $ par voiture dans le Grand Montréal dès janvier 2025. Le tout générera des revenus de 320 millions de dollars supplémentaires par année.