Nathalie Prud'homme
8 juin 2024
Le 30 mai, le gouvernement du Québec a dévoilé de nouvelles orientations gouvernementales en aménagement du territoire, appelées « OGAT » dans le jargon du milieu. De nature technique et donc peu connues du grand public, les OGAT jouent néanmoins un rôle central dans l’aménagement du territoire au Québec. Elles constituent un cahier des charges pour la planification municipale, énumérant des lignes directrices et des préoccupations que les schémas d’aménagement doivent respecter.
Les nouvelles OGAT constituent une petite révolution, étant donné qu’elles remplacent des documents qui datent de trente ans. La planification devra dorénavant prendre en compte plusieurs dossiers critiques de notre époque, dont la lutte contre l’étalement urbain, l’adaptation aux changements climatiques, la crise de l’habitation, la protection des écosystèmes et la mobilité durable. Ces OGAT renouvelées représentent une refonte complète des attentes en matière de gestion du développement, avec l’objectif de mettre fin à l’urbanisation diffuse et de favoriser la création de quartiers plus denses, dotés de services de proximité.
Pour y arriver, ces orientations doivent être portées et soutenues par l’ensemble des intervenants en aménagement du territoire. Seul le temps dira si les OGAT marqueront réellement le début de la fin de l’étalement, mais elles constituent indéniablement un changement de paradigme.
Le gouvernement demande aussi aux municipalités de planifier l’aménagement de façon à réduire la dépendance à l’automobile et à faciliter la mobilité durable. Cela devra se faire notamment en concentrant le développement dans les secteurs bien desservis en transports collectifs. C’est une approche pleine de sens, tant pour l’urbanisme durable que pour l’accès de la population à plus d’options de transport. Encore faut-il qu’il y ait du transport collectif efficace !
Or, au courant des dernières années, nous avons assisté à une succession de rebondissements en lien avec les projets. Dans la ville de Québec, le projet de tramway est en panne. Et ce, au moment où des promoteurs ont justement commencé à concevoir des projets de densification en fonction de cette nouvelle infrastructure. Du REM de l’Est à Montréal au tramway du boulevard Taschereau sur la Rive-Sud, les faux départs s’accumulent, alors que nous devrions être en train d’accélérer, non seulement dans les deux grands centres, mais bien dans toutes les villes du Québec. De plus, les difficultés de financement menacent d’occasionner des réductions de services dans les réseaux existants, ce qui serait dramatique.
Les structures et les processus en place ne permettent tout simplement pas de répondre aux attentes. Et ce n’est pas seulement le problème des villes, car à l’heure de la crise climatique et de la Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, c’est un problème national. Force est de constater que notre système de financement, de planification et de réalisation des projets en transport collectif a besoin d’un sérieux coup de barre.
Si l’intention de la ministre Geneviève Guilbault d’optimiser la réalisation des projets est encourageante, les choix à faire en matière de financement semblent être reportés, ce qui laisse planer le doute sur la réelle volonté de renverser la vapeur. Il est également essentiel de dépolitiser les projets de transports et d’assurer qu’ils sont réellement arrimés avec l’aménagement du territoire. Le gouvernement doit faire preuve de leadership pour régler ces questions s’il veut que ces nouvelles OGAT se répercutent sur le terrain.